Blé dur : nouvelles données sur le décalage des dates de semis
Les essais menés sur blé dur dans le bassin méditerranéen par Arvalis, dans le cadre du projet « Adapte », fournissent de nouvelles références sur l’impact des dates de semis et la fertilisation azotée.
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Face aux évolutions climatiques marquées dans l’arc méditerranéen — notamment l’intensification des épisodes pluvieux à l’automne — la culture du blé dur, emblématique du Sud-Est, doit s’adapter. Des semis décalés jusqu’en janvier-février deviennent plus fréquents. Ces semis sont hors de la fenêtre optimale traditionnelle (du 20 octobre au 20 novembre). Afin d’évaluer précisément les conséquences de ces modifications d’itinéraires techniques, Arvalis pilote depuis 2022 des essais date de semis.
Sur quatre sites expérimentaux (deux dans le Sud-Est, à Marguerittes et Gréoux-les-Bains, et deux dans le Sud-Ouest), l’institut technique a testé trois fenêtres de semis : précoce (du 10 au 15 octobre), classique (du 20 octobre au 20 novembre) et tardif (de décembre à la fin de janvier, voire au début de février). Il a croisé ces modalités avec trois variétés de blé dur aux précocités contrastées (RGT Aventadur, Anvergur, Relief). Au total, neuf modalités ont donc été suivies, de 2022 à 2025.
Des pertes de rendement significatives
Les résultats sont sans appel. « Semer plus tardivement impacte significativement le rendement. Dans le Sud-Est, on perd en moyenne 37 % du potentiel. Si on prend le risque de semer plus tôt pour passer avant les pluies, la perte est, en moyenne, de 13 % », analyse Pauline David, ingénieure régionale d’Arvalis à la station de Nîmes. En croisant les résultats avec les conditions climatiques des dix dernières années, Arvalis conclut qu’il est préférable d’avancer les semis plutôt que d’essayer de les faire à la date optimale en prenant le risque d’être bloqué par la suite.
L’étude s’est également penchée sur les maladies et viroses, les adventices, la résilience au stress hydrique et les composantes de qualité du grain. « Les risques maladies sont certes moindres quand on sème tard. Mais les blés tardifs sont plus sensibles au stress hydrique de fin de cycle, en lien avec un moins bon enracinement et des phases de tallage et de montaison plus courtes ne permettant pas un rattrapage en cas d’accident », relève l’ingénieure.
À noter : le taux de protéines, sans surprise, est systématiquement plus élevé sur les semis tardifs. « En semis précoce, la pression adventices est plus forte. Mais si le désherbage est bien géré, elle reste maîtrisable », précise l’ingénieure.
Quelle stratégie azotée en semis tardif ?
En 2024, les essais ont intégré un nouveau volet : la fertilisation azotée en contexte de semis tardif, où les références font aussi défaut. « Comment calculer la bonne dose d’azote à mettre sur des blés que l’on est obligé de semer tardivement certaines années ? Sur quel potentiel de rendement se baser ? Optimal ou en retranchant 37 % ? Comment fractionner les apports ? Telles sont les questions concrètes que l’on s’est posées », indique Pauline David.
Pour y répondre, Arvalis a testé différentes doses d’azote pour réaliser une courbe de réponse à l’azote et déterminer a posteriori quelle était la dose idéale. Différents fractionnements plus ou moins tôt dans le cycle ont également été testés. Les premiers résultats nécessitent confirmation.
Les OAD à l’épreuve
En parallèle de ces essais, dans le « plan de résilience des grandes cultures », porté en région Sud-Paca, quatre outils d’aide à la décision (Farmstar, Abelio, Xarvio et N-Tester®), ont été testés cette année pour la première fois, pour le pilotage du dernier apport d’azote sur des blés durs semés à toutes dates. « Tous ont recommandé une hausse du dernier apport, jusqu’à 30, 40 unités, ce qui correspond à une année au bon potentiel », rapporte Mathieu Margerie, ingénieur régional d’Arvalis à la station de Gréoux-les-Bains.
Avant d’ajouter : « En revanche, nous étudions la calibration de ces outils dans des conditions de fins de cycle de la plante compliqués. » Il faudrait aussi, selon lui, mieux régionaliser les risques.
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